HOMÉLIE

OBSEQUES DU PERE CLAUDE GAUDIN

HOMELIE par le Père Roger Faure

6 FEVRIER 1997

Ac 20,17-25 (adieux de Paul aux éphésiens)
Jn 13,1-13 (Lavement des pieds)

En écoutant tout, à l'heure St Paul faire ses adieux aux éphésiens, c'est le Père Gaudin que nous entendions nous dire :"Vous savez comment je me suis comporté tout le temps où j'étais parmi vous" .
Oui, nous le savons, car chacun et chacune de nous qui sommes ici aujourd'hui, nous avons parcouru avec lui un bout plus ou moins long de cette vie.
Le Père Gaudin avait 72 ans. Il avait été ordonné prêtre en 1950 après avoir fait son séminaire à lssy-les-Moulineaux et aussi avoir fait un stage de mineur au Creusot où, là-bas, il fait l'expérience de la vie ouvrière. Il est d'abord vicaire à la paroisse St Jacques de Montrouge, en banlieue; et puis vicaire à St Médard de 1958 à 1964, et là, a St Médard, il a notamment en charge ce qu'on appelait, à ce moment-là, le "patro" de la rue Censier, et aussi la colonie de vacances de Nantua, et aussi tout ce qui était à ce moment là ce monde des enfants et des jeunes.
En 1964, il quitte St Médard pour Notre-Dame du Rosaire de Plaisance, à la porte de Vanves; puis il est nommé curé de la paroisse Notre-Dame des Otages dans le XXème, charge à laquelle s'ajoutera celle de vicaire épiscopal de tout le XXème arrondissement jusqu'en 1986. Durant ces années, il est aussi aumônier d'une, puis de plusieurs équipes de l'Action des Chrétiens des Milieux Sanitaires et Sociaux (ACMSS) où il prendra aussi des responsabilités au plan national.
En 1986,I1 revient à St Médard comme vicaire puis comme curé l'année suivante en 1987. Son mandat, ici, à St Médard, devait se terminer fin août prochain, mais depuis l'été dernier, il souffrait d'une profonde fatigue qui allait en s'aggravant. Juste avant Noël, son frère Pierre et lui sont très affectés par la mort de leur mère. Le Père Gaudin célébrera ses obsèques le 26 décembre, le lendemain de Noël; ce sera d'ailleurs la dernière célébration qu'il présidera. Le 30 décembre, il entre à l'hôpital où les examens qu'il subit révèlent la gravité de son mal. Il nous quitte définitivement le 4 février.

"Comme St Paul, Le Père Claude Gaudin peut nous dire aujourd'hui :"Vous savez que je n'ai rien négligé de ce qui pouvait vous être utile"(Ac 20,20). A l'image de son Maître, il a été le bon pasteur. Une jeune paroissienne qui vit maintenant en province, apprenant son départ, nous écrit "Je rends grâce au Seigneur de nous avoir donné un si bon berger, toujours proche de nous, soucieux de nous emmener sur le chemin de la Vérité et de la Vie". Combien d'autres pourraient témoigner que dans les paroisses ou les groupes où il a été envoyé, il a été celui qui a oeuvré à la cohésion de la communauté, suscitant les relations entre les personnes et entre les groupes, comme la relation de tous et de chacun avec le Seigneur; et c'est là une tâche éminemment sacerdotale. Prêtre de Jésus-Christ, le Père Gaudin assumait cette tâche, je dirais, comme naturellement. Disciple de Celui qui lava les pieds de ses apôtres le soir du Jeudi Saint, il s'est fait le serviteur de Dieu et le serviteur de ses frères, attentif, nous le savons bien, à tous et à chacun. Il était quelqu'un sur qui on pouvait compter.
Le Père Gaudin c'était aussi un homme rude, rude avec lui-même, rude aussi avec les autres, ce qui créait parfois des difficultés, des incompréhensions dans les relations. Mais cette rudesse cachait une profonde sensibilité qu'il manifestait rarement : c'était un homme secret. C'est peut-être d'ailleurs, ce qui en faisait quelqu'un d'infiniment discret et respectueux du secret et de la vie des autres.
Le Père Gaudin marquait aussi par sa présence. Une présence faisant ressentir que cet homme, ce prêtre, avait quelque chose à dire et aussi quelque chose à vivre pour les autres. Et son départ est d'autant plus ressenti comme une absence, comme un vide. "Pour moi la vie ne compte pas pourvu que j'aille jusqu'au bout de ma course" disait St Paul (Ac 20,24). Le Père Gaudin a été, lui aussi, jusqu'au bout de sa course. Sa vie, il l'avait consacrée à Dieu et à ses frères. Aujourd'hui, maintenant, ses frères et sœurs que nous sommes le confient à Dieu. Nous voulons garder vivante sa mémoire. La garder vivante, c'est sans doute continuer sa tâche, la poursuivre là où nous sommes et comme nous sommes parce que nous sommes :tous différents, mais poursuivre cette même tâche en proclamant Jésus Christ par nos paroles et par notre vie, en nous comportant toujours plus, comme il nous en a donné le témoignage, en fils et filles de Dieu, en frères et sœurs de tous et de toutes.
Claude, nous te disons, nous qui sommes venus ici, mais aussi au nom de ceux et celles qui n'ont pas pu venir, nous voulons te dire : Merci."